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Les peintures d'Eugène Delacroix à la bibliothèque du Sénat : entre culture universelle et identité historique

par Jean-Michel Leniaud, Professeur d’histoire de l’art, Ecole nationale des Chartes

En 1840, Eugène Delacroix est chargé d’une importante commande de peintures murales pour la bibliothèque de la chambre des pairs, au palais du Luxembourg, aujourd’hui Sénat. Il choisit comme sujet à traiter une scène extraite de L’Enfer de Dante, lorsque le poète raconte son arrivée aux Champs-Elysées et y reçoit l’accueil d’Horace, d’Ovide, de Lucain et d’Homère. Dans l’hémicycle, il peint aussi Alexandre, vainqueur de Darius à la bataille d’Arbelles et ordonnant de placer les œuvres d’Homère dans une riche cassette d’or dont le vaincu a été spolié. D’autres peintres avec lesquels il partage la commande représentent diverses allégories. Lorsque les travaux sont présentés aux pairs, l’un d’eux, Charles de Montalembert, prend la tête des contestations et leur reproche d’être incompréhensibles (« un choix d’allégories grotesques ») alors qu’il eût été plus pertinent, selon lui, de représenter des scènes extraites de l’histoire d’un pays qui « compte quatorze siècles d’histoire ». Tout le monde s’étant accordé sur la qualité des peintures du Maître, la polémique s’éteignit vite. L’affaire, néanmoins, montre au temps des parlements nationaux (Londres, Budapest…), la France partagée entre l’identité et l’universel et choisissant de confondre son identité dans l'universel.

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