Tribune 840 no.43: La danse : plaisir coupable ?
Invités : Julie Lavigne1, Gérard Reyes2, Philip Szporer3
Reconnu comme une discipline physique extrêmement exigeante, l’art de la danse procède pourtant d’un plaisir viscéral : celui de se mouvoir. Paul Valéry (1936) a souligné l’enivrement particulier de la danse, du plaisir du mouvement et de son rythme hypnotique. Nietzsche (1872) distingue quant à lui la pulsion dionysiaque – à l’oeuvre en danse à travers notamment l’ivresse du mouvement, son lien à la terre et au rythme – du plaisir apollinien axé sur la mesure, l’harmonie et le contrôle à travers un désir de suspension et d’élévation.
Quels sont les enjeux esthétiques et politiques soulevés par la notion du plaisir en danse, et notamment dans son enseignement ? De quels héritages se détachent-t-ils ? Un danseur professionnel prend-il encore du plaisir à danser ? Comment combiner le plaisir (coupable ?) de danser et l’expérience professionnelle de l’art ? Qu’est-ce que le festif permet de réintégrer dans notre relation à la danse ? N’est-il pas indispensable à l’art ?
1 Historienne de l’art et professeure au Département de sexologie de l’UQAM.
2 Chorégraphe, interprète, enseignant et pionnier de la “scène ballroom' (vogue) à Montréal.
3 Critique, réalisateur et enseignant au département de danse contemporaine de l’université Concordia.
Photo : Gérard Reyes : The Principle of Pleasure (2015) © David J Romero